Journée type d'une apprentie Talon Hauts, avec le sourire ...
À en croire Sacha Guitry, « Le talon haut a été inventé par une femme qui en avait assez d'être embrassée sur le front ». Il aurait pu ajouter : « Et qui était d'une volonté de fer. » Journée
type d'une héroïne sur échasses de 11 cm.
7H15
J'enfile mes divines chaussures de bal, dont la hauteur ferait honte à la tour Eiffel. L'émotion me submerge :
mes jambes ont soudain perdu 5 kg chacune.
Moi : Cela me fait sourire car j'ai ressenti la même chose en me regardant dans le miroir avec mes premiers talons hauts .
8H15
J'ai enfin réussi à traverser mon salon. L'émotion me submerge de nouveau, mais c'est parce que ma démarche incertaine me rappelle les premiers pas de Bambi. Ma tendance aux grandes enjambées
énergiques se voit brutalement freinée : pour rester digne, obligation de faire des petits pas réguliers et bien posés. Je comprends soudain pourquoi les femmes en stilettos ont cette espèce de
classe indolente : elles n'ont pas le choix. Un mythe s'effondre.
Moi : Ma première fois avec ces talons de 12 cm, je me suis dit houla je ne vais pas les mettre souvent ceux-là "...et puis l'habitude faisant ...
8H30
J'habite dans un vieil immeuble sonore dont l'escalier est en bois. Mes voisins sont donc ravis d'apprendre que je pars au travail, et que, ce matin, je n'ai apparemment pas mis mes Converse.
Cette descente d'étages sur demi-pointes cambrées fait légèrement paniquer mes mollets, mais ils s'y feront. Comme j'aime les défis, je prends mon scooter et je me fais beaucoup d'amis : pas un
seul homme (pas un seul) qui ne louche sur mes jambes, comme si une paire de talons aiguilles rouges était une sorte de code signifiant : « Et si on allait faire un peu de sexe avant le boulot,
toi et moi ? » L'un d'eux cale en pleine place de l'Etoile. Encore un fétichiste.
Moi : Là, je ne ferai que sourire ...C'est tellement vrai .
9H00
Au bureau, mon arrivée provoque une émeute. Tandis que je déambule à la cafétéria, mes collègues poussent des couinements de hamster sous méthamphétamines. Elles veulent les essayer. Je refuse :
une chaussure ne se prête pas, elle se fait au pied de sa maîtresse.
Moi : Rare ont été celles qui ont voulu s'y risquer mais je me souviens en avoir fait essayer une paire : Et cela à donner un truc du genre: Je ne sais pas comment tu fais....
L'habitude !!!
9H15
J'appelle Marcello, mon mécano, pour savoir comment mettre mon deux-roues sur sa béquille sans érafler un escarpin hors de prix, ni m'y reprendre à sept fois, ni me faire un mal de chien. Il a
beau faire le tour de l'atelier, personne ne semble avoir de réponse précise. C'est vraiment scandaleux.
11H00
Après une dizaine d'allers-retours laborieux dans les escaliers (que Dieu bénisse les rampes !), je commence à en vouloir à mes Ferrari pédestres. En italien, le « stiletto » est une dague bien
effilée. Toute vraie passion comporte un peu de violence.
12H30
La brasserie du déjeuner est loin, très loin. Je comprends pourquoi les filles de « Sex & The City », toujours perchées, font si bien vivre les taxis new-yorkais. J'ai rendez-vous avec un
écrivain obscur rencontré ce week-end, aussi intellectuel que pudibond (ça me change). Quand j'arrive, il est beau, penché sur son futur prix Médicis Essai, admirablement intitulé « Les
Ambiguïtés stoïciennes chez les lazaristes du Haut Poitou ». Lorsque ses yeux se posent sur mes pieds, ils passent en une nanoseconde de l'innocence de Mickey Mouse à la concupiscence de Mickey
Rourke (époque « 9 semaines 1/2 »). Mais c'est quand il demande au serveur si la maison loue des chambres que je me pose de réelles questions quant au message envoyé par mes petits
souliers.
Moi : L' indélicatesse totale auait été de demander les tarifs pratiqués...à la demoiselle bien sûr . Je plaisante.
14H00
La moquette de mon bureau est délicieusement douce sous mes pieds nus, qui soupirent d'aise. Il paraît que certaines Américaines se font des injections de collagène dans les talons ou une
ablation d'orteil pour entrer dans des Jimmy Choo. Ça laisse songeuse.
Moi :J'ai bien évidemment pratiqué le nu-pied discrêtement dans mon bureau, surtout l'été. Le matin tout va bien, mais la chaleur de la journée, fait des petits pieds gonflés :) D'ou le côté
pratique des sandales ou autres chaussures ouvertes .
17H00
Comme je suis maligne, j'ai choisi de porter mes échasses un jour de Salon automobile. Ce genre d'événement où l'on reste des heures à piétiner. Consolation : avec mon 1,82 m, j'admire
tranquillement les œuvres par-dessus la foule de nains. Hé ! hé ! Je rigole moins quand mon talon se coince dans une rainure du parquet et que je suis obligée de me déchausser pour l'en extraire
sans l'abîmer, une coupe de champ' à la main.
Moi : C' est presque du vécu. J'ai le souvenir d'une chute lors d'un salon, où ils avaient eu la bonne idée de cacher les rainures et autres passages de fils sous des
tapis .
19H30
Trajet de l'expo au resto. Escalier (en colimaçon, c'est plus sympa) des toilettes du resto. Trajet du resto à la maison, via la station d'essence. Redescente des escaliers parce que j'ai oublié
le courrier. Et au moment de me coucher, surprise : les armes du crime sont toujours à mes pieds. J'ai galopé comme une gazelle sur ces supercars sans même y penser : appelez-moi Dita von
Teese. Comme quoi tout est une question d'habitude... Mais par égard pour les pauvres hommes que je croiserai, demain, c'est bottes plates. Il ne faut pas abuser des bonnes choses.
Moi : Je n'ai jamais plus remplacer mes talons hauts, que ce soit à la maison, au boulot, en voiture ou bien encore en vacances ... Vive mes
hauts Talons .
" Même mes baskets sont à talons " !!!
Voilà en espérant vous avoir fait sourire, et surtout retenez bien ce mot avant de baisser les bras: HABITUDE